Chou Corse

Crédits Visoflora.com
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Questions scientifiques

La connaissance des mécanismes contrôlant la distribution de la biodiversité est nécessaire à la mise en place d’une conservation efficace. Outre la préservation des habitats, les programmes de conservation visent à maintenir un niveau de variabilité génétique chez ces espèces. La perte de variabilité est en effet susceptible de diminuer le potentiel adaptatif des espèces et d’accroître leur sensibilité aux perturbations et aux changements environnementaux futurs. Une des formes de rareté, appelée « endémisme étroit », caractérise les taxons répartis en une ou quelques petites populations, et donc cantonnés à une ou quelques localités. Pour ces espèces, la notion de taille de population revêt une importance cruciale, car la dérive génétique exerce une influence capitale en entraînant une chute rapide de variabilité. Pour conserver de telles espèces, il faut répondre à différentes questions : les populations sont-elles en déclin démographique ? Les populations montrent-elles une érosion génétique ?  Si oui à une de ces deux questions, faut-il renforcer les populations ? Avec quel matériel biologique (graines issues de la population locale ou d’autres populations) ? Quelles seront les conséquences démographiques et génétiques dans les populations ainsi renforcées ? La caractérisation des changements d’utilisation des milieux (pratiques agricoles, activités touristiques) et de climat est par ailleurs nécessaire pour cerner les causes des éventuels déclins de population.

B. insularis est une espèce de choix pour l’étude de ces questions. En effet, elle est répartie en petites populations isolées de falaise ou d’éboulis dans sept localités en Corse, et dans quelques sites de Sardaigne et d’Afrique du Nord. C’est une espèce protégée au niveau national (arrêté du 20 janvier 1982), longévive (certains individus vivent plus de 10 ans), présentant une importante différenciation morphologique, génétique et chromosomique. Cette espèce possède un système génétique d’incompatibilité : seuls des individus possédant des allèles différents au locus d’incompatibilité pourront se croiser.

Les études démographiques initiées en 1998 sur 4 populations naturelles corses suggèrent un déclin plus ou moins rapide de 3 d’entre-elles. Les causes du déclin de ces populations peuvent être recherchées dans des causes extrinsèques : changements de milieu et/ou de climat, mais aussi dans des causes intrinsèques. En effet si les conséquences génétiques de la petite taille des populations sont plutôt attendues à long terme, une conséquence plus immédiate sur la fécondité des individus liée à une diminution de la diversité des allèles d’auto-incompatibilité est à tester.

Observations

Pour les 4 populations naturelles de Brassica insularis étudiées en Corse :

  1. Suivis démographiques depuis 1999. Les relevés démographiques sont réalisés une fois par an (Mai-Juin) dans des quadrats permanents situés dans les 4 populations suivies en Corse. Chaque individu est identifié et cartographié. Son statut (mort/vivant, reproducteur/non reproducteur, parasités/non) et sa taille sont relevés.
    Depuis 2011, des estimations par individu du nombre de fruits produits ainsi que du ratio fruit/fleur sont également effectuées.
  2. Analyse de la diversité génétique neutre tous les 10 ans (marqueurs microsatellites nucléaires). De plus, une caractérisation des allèles d’auto-incompatibilités est en cours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Données

Les données démographiques détaillées (statut individuel) et résumées (nombre d’individus et nombres d’individus en fleurs par population et année) de 1999 à 2014 sont disponibles.

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Valorisation

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